A propos de ce blog

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Blog personnel de David-Jo Benrubi

Un blog, un blog personnel

Ce blog n’est pas : un recueil d’articles, un recueil de fictions, un travail de recherche, un travail administratif. Il n’est pas impossible qu’il ait quelque chose à voir avec ces formes d’écriture que je pratique par ailleurs, mais plus encore avec le jeu, et plus encore avec le carnet de notes.

Ce blog est un blog personnel. Je n’y aborde pas de sujets professionnels au sens strict. Il n’engage ni ne concerne les administrations que je sers passionnément (puisque j’exerce un métier-passion – concept dont l’étymologie ne laisse pas de chafouiner1).

Un état d’esprit en cinq citations

Cette section arbitraire et dynamique est vouée à un certain renouvellement

1.La poubelle des commentaires

« En algun lugar, debe haber un basural donde estan amontonadas todas las explicaciones. Una cosa sola inquieta en este justo panorama : lo que pueda occurir el dia en que alguien consigua explicar también el basural. » (Julio Cortazar, Un tal Lucas, Alfaguara, 2024 [1979], p. 59)

2.Désigner le mal de notre temps : l’épidictique

La rhétorique distingue trois genres du discours. Le discours judiciaire juge de ce qui a été, et de si cela est juste. Le discours délibératif juge de ce qu’il convient de faire, et de si cela est bon. Et il y a le discours épidictique, qui sature notre espace médiatique.

Dans l’épidictique, plus que dans n’importe quel autre genre oratoire, il faut, pour ne pas être ridicule, avoir des titres à prendre la parole et ne pas être malhabile dans son usage. Ce n’est plus, en effet, sa propre cause ni son propre point de vue que l’on défend, mais celui de tout l’auditoire (…). Les discours épidictiques ont pour but d’accroître l’intensité d’adhésion aux valeurs communes de l’auditoire e de l’orateur ; leur rôle est important, car sans ces valeurs communes, sur quoi pourraient s’appuyer les discours délibératif et judiciaire ? » (Pérelman et Olbrechts-Tyteca, Traité de l’argumentation. La nouvelle rhétorique, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2008,, p. 69)

3.Il n’est pas interdit de juger les arts, en mots raisonnables

Il a été fait à Marcel Aymé et son opuscule Le confort intellectuel mille procès en réaction et conservatisme. C’est pourtant un ouvrage jouissif et compliqué, où, s’il n’est pas toujours aisé de situer la pensée de l’auteur, il est facile de trouver des considérations sur notre temps. A tous ceux que la langue de bois irrite, lecture recommandée. Dans le paragraphe suivant, Aymé a dans le pif les mots joli et inoui, vidés de leurs sens. En 2024, les gérondifs vagues inspirant, questionnant, résonnant etc, s’y substitueraient bien.

A présent, les gens distingués qui hantent les vernissages et font les réputations littéraires et artistiques auraient honte de justifier leurs préférences par des raisons, et ils en sont du reste incapables la plupart du temps. Leur choix s’élabore dans une région de la sensibilité où l’intelligence n’a pas accès. Les impressions qui leur tiennent lieu de jugement sont si personnelles, si secrètes à eux-même, et pour tout dire si incommunicables qu’elles n’ont pas besoin pour s’exprimer des ressources du langage. (…) A force d’être personnelles, de telles impressions finissent d’ailleurs par être parfaitement impersonnelles. A partir du moment où tout le monde les traduit par les même qualificatifs, on n’est pas fondé à croire qu’elles diffèrent d’un individu à l’autre. (Marcel Aymé, Le confort intellectuel, p. 41-42)

  1. Patior, pateris, pari, passus sum : souffrir. ↩︎