Alors que les héritiers du pétainisme sont aux portes du pouvoir (2024 ou 2027), déconstruction de plusieurs arguments qui, alimentant le motif faux de la peste et du choléra, ne résistent pas à l’examen. Sans état d’âme, il faut faire barrage au Front National.
« Je ne peux pas voter pour le NFP parce que LFI promeut à haut niveau le culte du chef. »
Il est manifeste que JLM a poussé loin le culte de sa personnalité politique. De l’affiche de campagne de 2017 (portrait sur fond de ciel orageux, légendé : « La force du peuple ») aux hologrammes simultanés de 2022, en passant par son blog (« mes notes », « mes analyses », « mes causes », « mon compte twitch », « mon compte tiktok », « ma chaîne youtube »), l’animal a le sens du possessif et de la première personne. Celui que ses détracteurs ont surnommé – sans qu’il ne s’en offusque jamais – le líder maximo, en référence au dictateur cubain Fidel Castro, maîtrise les codes et les techniques de la propagande intérieure bolivarienne (Hugo Chavez et cie). Certes. Cela s’accompagne dans sa pratique du leadership politique un autoritarisme autocratique qui l’amène à reléguer ou éliminer (politiquement) ses potentiels concurrents ou successeurs. La non investiture des « frondeurs insoumis » (2024), dans la droite ligne du verrouillage de la direction de décembre 2022, s’inscrit dans cette logique. Certes. Tout cela lui vaut, à sa gauche (parmi les « gauchistes », donc), des accusations anciennes (et, prises à la lettre, diffamantes) de « stal » (staliniens), répertoire auquel l’ensemble de ses détracteurs puisent aujourd’hui pour évoquer une « purge ». Certes.Est-ce si original ? Est-il nécessaire d’aller chercher dans la formation politique lambertiste (une école partagée par Cambadélis et Jospin) des éléments d’explication ? 1. L’hyper-personnalisation de la vie politique française creuse son sillon dans presque toutes les composantes du spectre, et à tous les échelons (national, régional, départemental, local). 2. Elle est évidemment entretenue par des évolutions socio-culturelles (chute du niveau et des capacités d’attention, affaiblissement des compétences culturelles, recul de la conscience historique, raréfaction de la conversation contradictoire, etc) qui rendent toujours plus nécessaire d’une part l’adhésion individuelle et rapide à une figure (du père, du héros, du sauveur, etc), d’autre part la liquéfaction de la politique dans le star system. Le récit et l’affect l’emportent, partout, sur les idées et la raison. 3. Mais… Jean-Luc Mélenchon a en la matière un formidable compère : Emmanuel Macron ! Apparus peu ou prou en même temps sur le devant de la scène politique, ils partagent l’un et l’autre un fond de bonapartisme (à quoi les militants Renaissance ou LFI pourraient rétorquer que ce bonapartisme vaut mieux que les anciennes féodalités PS et RPR ou que la constellation autogestionnaire des écolos), le goût du plébiscite, la quête romantique et pathologique de la rencontre entre l’homme et le peuple (le premier à Versailles, le second à Gergovie, tous deux en toute contradiction avec leurs supposées aspirations à renouveler la Ve République), le caporalisme dans la gestion des troupes (par exemple parlementaires). François Mitterrand n’est pas si loin, ni, dans un genre tragicomique, Nicolas Sarkozy.

Source : Élysée. Vladimir Poutine et Emmanuel Macron dans la Galerie des Batailles du Château de Versailles, dont les tableaux figurent les victoires françaises.

Source : Blog personnel de J.-L. Mélenchon. Visite à l’oppidum de Gergovie, lieu d’une victoire de Vercingétorix sur César.
Il faut donc dénoncer et combattre ces outrances ridicules, qui ne font pas honneur à la république. Mais sous le soleil rien de totalement nouveau et il n’y a donc pas là un argument, ni nécessaire ni suffisant, pour ne pas voter contre le fascisme, et donc pour le Nouveau Front Populaire, surtout après un bref regard sur le culte (familial) Le Pen et (showbizz) Bardella. D’autant que si, comme me dit un ami compagnon de route du NPA, Mélenchon et LFI posent peut-être un problème démocratique à la gauche, c’est le RN qui pose un problème démocratique à la France.


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